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Pilotage EAC en région académique

Session inaugurale du CREAC : une nouvelle gouvernance pour l’éducation artistique et culturelle

Vendredi 1er octobre, au lycée Carnot, à Dijon, s’est tenue la première session du Comité Régional de l’Éducation Artistique et Culturelle (CREAC) de la Région académique Bourgogne-Franche-Comté. Fruit d’un important travail de préparation et de concertation, ce comité rassemble des acteurs institutionnels et des collectivités mues par un volonté commune : réaliser l’objectif de 100 % des jeunes concernés par l’EAC. Acte fondateur d’une politique partagée en faveur des arts et de la culture, cette réunion inaugurale a posé les jalons d’une feuille de route opérationnelle.

Le nouveau comité de pilotage a pour objectif de définir et de mettre en œuvre les grands axes de développement de l’éducation artistique et culturelle à l’échelle de la région académique de façon à assurer un égal accès de tous les jeunes aux arts et à la culture. La fondation du CREAC entre pleinement en cohérence avec les principes et les stratégies préconisés dans les textes officiels établissant le parcours d’éducation artistique et culturelle (Circulaire n° 2013-073 du 3-5-2013).

Cette instance réunit le préfet de région, les recteurs, les directeurs des services déconcentrés de l’État : La Direction régionale des affaires culturelles, la Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DRAAF), la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES), la Direction interrégionale de la protection judiciaire de la jeunesse (DIRPJJ), l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPE) et la Direction territoriale de Canopé, ainsi que les représentants des directions des collectivités territoriales : région, départements et communes. Elle se donne pour missions de définir, d’orienter et d’évaluer le développement de l’éducation artistique et culturelle pour tous les enfants et les jeunes de Bourgogne-Franche Comté.

Une gouvernance en faveur de l’EAC

Après le mot d’accueil du proviseur, chacun des représentants des institutions fondatrices du CREAC s’est exprimé pour contextualiser et définir les objectifs de cette instance dont la création marque véritablement un changement d’échelle dans le déploiement de l’EAC dans la région académique.

Nathalie Leblanc, vice-présidente en charge de la culture et du patrimoine de la Région Bourgogne-Franche-Comté, a affirmé l’engagement de la Région en évoquant notamment ses neuf dispositifs destinés à l’ensemble des lycéens. Ces dispositifs couvrent la plupart des domaines thématiques de l’EAC et sont menés en partenariat étroit avec l’Éducation nationale, ce qui se traduit entre autres par un volet formation au bénéfice des enseignants.

Jean-François Chanet, recteur de la région académique Bourgogne-Franche-Comté, a rappelé que l’EAC était un enjeu présent dès les origines de l’école républicaine et que sa contribution majeure au mouvement émancipateur de l’éducation en faisait désormais une mission prioritaire. Le recteur a réaffirmé le principe selon lequel le défi du « 100 % EAC » ne peut s’accomplir que dans une démarche partenariale. Un principe qui fait désormais consensus, comme l’illustre l’abondante représentation des services déconcentrés de l’État et des collectivités au sein de ce nouveau comité.

Fabien Sudry, préfet de la Région Bourgogne-Franche-Comté, a insisté sur la dimension citoyenne que revêt l’EAC dans un pays « pétri de l’esprit des Lumières ». Le préfet a salué lui aussi une belle dynamique qui a permis de tisser un solide réseau de compétences et de faire de la région académique l’un des territoires les plus mobilisés en faveur de l’EAC. Un tel contexte rend d’autant plus indispensable la création d’une instance nouvelle dont le rôle sera d’œuvrer à l’édification d’une politique commune, d’un cadre structurant et d’une stratégie à l’échelle régionale.

Nathalie Albert-Moretti, rectrice de l’académie de Dijon, est revenue sur les principes fondateurs de l’EAC avant d’en dresser un état des lieux tant au niveau national qu’au niveau régional académique, sur la base du recensement mené sur la plateforme ADAGE. Ce bilan établit que la proportion d’élèves concernés par l’EAC a bénéficié d’actions toujours plus riches et diversifiées et qu’il importe à présent de réduire les disparités entre établissements ou entre territoires en tendant vers une implication plus homogène des uns et des autres.

Aymée Rogé, directrice de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, a insisté sur l’ampleur croissante des moyens accordés par la Culture au développement de l’éducation artistique et culturelle, évoquant en particulier un doublement de l’effort financier accompli depuis 2017.

Ce panorama a été complété par d’autres données qui constituent autant d’éléments favorables au déploiement de l’EAC dans la région académique : un réseau de 450 enseignants référents culture au sein de la quasi-totalité des établissements du second degré ; une très forte mobilisation dans le secteur de l’enseignement agricole, un investissement conséquent de la Région…

Un tel faisceau d’éléments favorables légitime la création d’un comité régional dont les rôles seront d’établir des diagnostics, de déterminer des orientations stratégiques, de valoriser des projets exemplaires et d’évaluer les actions entreprises. Ces missions en tous points identiques à celles qui sont dévolues sur le plan national au Haut Comité de l’Éducation Artistique et Culturelle appellent des évolutions semblables : de la même manière que le HCEAC, fondé en 2005 sous l’égide des ministères de l’Éducation nationale et de la Culture, s’est depuis lors ouvert à d’autres ministères (Agriculture, Jeunesse et Sports, Solidarité et Santé), le Comité Régional à l’Éducation Artistique et Culturelle a d’ores et déjà vocation à mobiliser l’ensemble des partenaires concernés par l’EAC, à commencer par les collectivités et les représentants du monde culturel.

C’est notamment dans cette perspective qu’est programmé le lancement d’une campagne de labellisation des « territoires 100% EAC » qui sera destinée à reconnaître l’engagement collectif des acteurs de l’EAC à l’échelle de différents territoires.

Une ambition partagée par l’État et les collectivités

Dans un second temps, ont été présentés différentes initiatives qui ont valeur d’exemples en ceci qu’elles illustrent de manière exemplaire les partenariats entre collectivités et services de l’État au service de tous les publics scolaires.

Du côté de la ville de Besançon, les Parcours culturels sont le fruit d’un partenariat entre la DRAC, la DSDEN du Doubs et la Ville de Besançon. Touchant annuellement 75 % des élèves des écoles élémentaires, ces parcours couvrent l’ensemble des domaines EAC et mobilisent de nombreuses structures et de nombreux artistes intervenants. Le succès de cette opération, soutenue par Besançon ainsi que par l’État notamment dans le cadre de la politique de la Ville, a permis une extension en direction des écoles maternelles, en particulier dans les quartiers prioritaires.

Les Parcours starter  initiés en 2010 par le Conseil départemental de la Côte-d’Or bénéficient d’un succès analogue. Ce dispositif interdisciplinaire conjuguant richesse des propositions artistiques et souplesse des modes de mise en œuvre est le fruit d’une concertation étroite entre le Département, la DRAC et l’Éducation nationale. L’écho favorable qu’il suscite auprès des jeunes et des équipes pédagogiques a incité ses initiateurs à doubler le nombre de projets proposés chaque année aux collèges côte-doriens. 

Sur l’ensemble de la région académique, l’opération Regards de lycéens et d’apprentis est la plus récente initiative de la Région en faveur de l’EAC. Menée en partenariat avec le CAUE du Doubs et l’ensemble du réseau des CAUE, cette action de sensibilisation à l’environnement associe démarche artistique et enjeu citoyen pour inviter les jeunes à porter un regard nouveau sur leur cadre de vie. Outre les visites patrimoniales, elle inclut une trentaine d’heures d’ateliers et une formation proposée aux enseignants.

Dans le champ de l’enseignement agricole, l’EAC fait depuis plus d’un demi-siècle l’objet d’un enseignement à part entière. Assuré par des professeurs d’éducation socio-culturelle, cet enseignement artistique et culturel prend des formes multiples et renouvelées qui incluent entre autres organisation de semaines artistiques, projets propres à chaque établissement et collaborations multi-partenariales à l’échelle des bassins et des territoires, dans le cadre notamment des CLEA.

Des perspectives de développement

À la suite de ces exemples, une série de propositions destinées à favoriser le développement de l’EAC dans les territoires a été énoncée par Pierre-Olivier Rousset, directeur régional adjoint délégué de la DRAC BFC.

Afin de partager les orientations stratégiques régionales tout en prenant en compte les disparités et les décalages qui peuvent exister entre différents territoires, la création de comités de pilotage départementaux et le développement de contrats locaux (CLEA et autres), dont le contenu sera amené à évoluer, peuvent constituer des réponses opportunes. 

Pour faire face au défi de la généralisation de l’éducation artistique et culturelle, un certain nombre de suggestions ont été présentées par Éric Gady, délégué régional à l’éducation artistique et culturelle (DRAEAC).

La structuration d’un réseau régional EAC et la multiplication du nombre de ses acteurs rendent indispensables la création et la diffusion d’outils destinés à partager l’information. Outre la plateforme ADAGE, un espace numérique qui garantit une visibilité sur les projets menés dans les établissements et dont l’utilisation a vocation à s’élargir à tous les acteurs de l’EAC, ces outils pourront inclure de nouveaux médias : listes de diffusion, sites et publications partenariales élaborées par tous et publiées pour tous.

L’objectif de la généralisation suppose l’acquisition de nouvelles compétences indispensables pour renforcer des modes de travail collaboratifs et partenariaux. Le lancement de séminaires thématiques régionaux, la poursuite de forums départementaux de l’EAC et la multiplication de formations à publics croisés (de type PREAC) représentent autant d’espaces de partage et de mutualisation permettant aux différents acteurs de mieux se connaître et de se reconnaître.

La demande des équipes pédagogiques augmentant de manière proportionnée à l’offre en matière d’EAC, comme l’illustre la participation croissante à de nouveaux dispositifs comme Jeunes en librairie, il est nécessaire d’amplifier le soutien à cette politique d’offre en augmentant les crédits qui lui sont alloués et en y associant de nouveaux partenaires. En même temps, il est utile aussi de reconnaître les efforts de tous et valoriser les territoires 100 % par un label reconnu par tous.

Des échanges fertiles

Ces interventions ont suscité chez différents invités des prises de parole enrichissantes qui sont venues illustrer l’ampleur et l’intérêt des enjeux liés à l’éducation artistique et culturelle, en lien avec les différents publics auxquels elle se destine.

Jean-Philippe Lefèvre, président de la Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), a insisté sur la dimension intergénérationnelle que doit revêtir l’EAC, qui ne s’arrête pas aux portes de l’école.

Bruno Bethenod, président de l’association des maires ruraux de Côte-d’Or, a quant à lui souligné le rôle majeur mais parfois peu reconnu des actions portées, en dehors des dispositifs, par les écoles et les collectivités. Ces projets qui représentent souvent des occasions déterminantes pour s’ouvrir sur l’environnement patrimonial, notamment quand leurs fruits sont partagés par l’ensemble de la population locale.

À l’heure où est célébré le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur, la reconnaissance de la culture scientifique, technique et industrielle et de sa place au sein de l’EAC a été également rappelée.

Laurent Schrembi, président de l’association des maires de France de Côte-d’Or, a rappelé que les actions d’EAC sont aussi de formidables outils d’ouverture des établissements à leur environnement en s’appropriant et en utilisant les ressources locales et aussi un vecteur de transmission, de lien social et de rayonnement des actions pédagogiques

La Direction Interrégionale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse a rappelé l’importance de l’EAC pour les mineurs sous-main de justice et la nécessité d’établir des partenariats adaptés aux spécificités de ce public.

Bernard Trouillet, référent régional service civique, a pour sa part affirmé qu’un effort conséquent restait à faire pour sensibiliser les jeunes au volet culturel et leur mission.

Laurent Tainturier, directeur territorial de Réseau Canopé Bourgogne-Franche-Comté, et Frédéric Muyard, directeur l’INSPE de Franche-Comté, ont confirmé la contribution de leurs institutions respectives dans l’effort de formation destinée aux enseignants en lien avec l’EAC, qu’il s’agisse de la formation numérique ou de la formation initiale.

« Nous sommes des convaincus, il reste à convaincre. »

En offrant un aperçu du foisonnement des dynamiques et des projets mobilisés dans les territoires par les différents acteurs de la région académique, cette session d’ouverture du CREAC a mis en évidence une volonté d’action commune qui est une condition indispensable à l’édification d’une authentique et efficace politique publique. fondée sur trois priorités :

– établir un diagnostic partagé basé sur un repérage des territoires prioritaires, qui permette de s’assurer que la totalité des élèves de la région suivront au moins une action d’éducation artistique et culturelle par an ;

– mobiliser collectivement des moyens humains et financiers en veillant à la complémentarité et la synergie de l’ensemble des actions ;

– mettre en place une gouvernance départementale de l’éducation artistique et culturelle qui veille à l’atteinte de ces objectifs, au plus près du territoire.

Ces engagements pour « mieux faire, ensemble » ouvre la porte à de nouveaux partenariats pour mettre en œuvre des pistes déjà prometteuses en termes de partage de l’information, de valorisation des projets exemplaires, de structurations des réseaux et de mutualisation des expériences.

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