Le 7 février 2025, la galerie d’art « Sébastien Le Prestre de Vauban » a été inaugurée au sein du restaurant scolaire du collège Vauban de Belfort. Les œuvres présentées sont des reproductions à échelle 1, sur toile, d’œuvres appartenant aux collections des musées de Belfort. Pour des raisons techniques, liées en particulier à l’hygrométrie du lieu, les originaux n’ont pu être exposés.
Les élèves de 3e 6 ont étudié ces œuvres dont ils ont rédigé les notices. Ils en ont également produit des interprétations grâce à différents outils d’intelligence artificielle générative d’images.
Objets d’étude et invitation à la contemplation
Dans le réfectoire, à la vue de tous, la galerie constituée de reproductions d’œuvres d’art issues des collections des Musées de Belfort devient ainsi objet d’étude et de contemplation.
Son accrochage en hauteur, en clin d’œil aux accrochages pratiqués au XIXe siècle, et sa présentation chronologique permettent de confronter époque, esthétique et format. Les reproductions des œuvres d’art respectent leur format d’origine et ont été imprimées sur toile.
Cette réflexion sur le rapport à l’œuvre permet de mettre en regard le format intimiste d’un Nicolaas Baur, peintre hollandais du XVIIIe siècle, dans Mer Calme et mer agitée avec une présence plus plastique et affirmée de la toile chez André Masson avec La Carrière de Bibemus ou Paul Berçot dans Les Coteaux de Layon.
La thématique du paysage s’inscrit dans la logique d’une collection d’œuvres préexistantes appartenant au fond constitué depuis la création du collège dans les années 80. Ainsi, on peut admirer au CDI une magnifique toile d’Olivier Debré représentative de l’abstraction lyrique, enrichie récemment par deux lithographies de Jean Messagier exposées au secrétariat offertes par son fils lors de la dénomination de la salle d’arts plastiques.
Une réflexion sur l’œuvre d’art à l’âge de l’IA
Enfin, cette galerie de reproductions de tableaux de Nicolaas Baur, Gustave Courbet, Armand Guillaumin, André Masson et Paul Berçot a permis d’engager une réflexion nouvelle sur l’œuvre d’art à l’heure de l’intelligence artificielle. Des productions plastiques élaborées avec l’utilisation de DALL-E et Vittascience, deux générateurs d’image, ont été réalisées par les élèves de 3e6 à cette occasion. Ce travail avait pour objectifs d’apprécier les potentialités de ces nouveaux outils de création artistique mais également de prendre la mesure de leurs limites.
Lors de l’édition 2025 de la Nuit des Musées, les élèves ont présenté leurs études des œuvres face à un public conquis.
Voici le texte présenté à propos de Gustave Courbet par Nina, une des élèves de la classe :
Gustave Courbet, qu’on ne présente plus, est notre gloire régionale qui a si bien su faire rayonner les paysages franc-comtois au XIXe siècle en initiant un nouveau mouvement pictural, le Réalisme, qui va bousculer les milieux artistiques parisiens de l’époque. Ici, Le Château de Chillon nous présente cette imposante et ténébreuse bâtisse au bord du lac Léman qui correspond à une période sombre dans la vie de Courbet exilé en Suisse après son engagement politique et son emprisonnement suite au déboulonnage de la colonne Vendôme. Le peintre, opposé au pouvoir en place et très critique envers le régime de Napoléon III, finira sa carrière loin de sa patrie.
Ce paysage aux couleurs ternes et froides nous dépeint un château enchâssé entre un ciel violine et rosé, la chaîne de montagnes et le lac marqué par une ligne d’horizon basse placée au quart inférieur de la toile avec à gauche une forêt aux couleurs rouilles et un bateau à voile voguant vers l’édifice. A travers ce paysage, c’est presque un portrait métaphorique de ses états d’âme que nous propose l’artiste. Le paysage révèle l’état d’enfermement psychologique dans lequel se trouve Courbet et le motif du château de Chillon sera repris une quinzaine de fois par l’artiste comme une sorte de quête introspective.
