Geoffroy Mathieu est un photographe résidant à Marseille dont les travaux interrogent la manière dont les questions écologiques et politiques se concrétisent dans le paysage. À travers des protocoles de parcours ou d’immersion, seul, au sein de collectifs ou en binôme, il documente les territoires en mutation, les zones intermédiaires, et révèle les résistances poétiques dans les usages des lieux.
C’est pour son rapport au paysage et au vivant qu’il a été choisi pour intervenir auprès de classes d’un collège à la périphérie de Mâcon, entre zones urbaines, industrielles, commerciales et agricoles ; où la nature semble résister et percer le béton à l’image de cette rivière quasi oubliée, le Bioux, que l’artiste a décidé d’explorer et de documenter avec les élèves.
Ce projet s’est déroulé en trois temps :
Les élèves ont été en sortie pédagogique sur une journée. Ils ont visité le musée Nicéphore Niépce et l’exposition temporaire « Fresson » dans laquelle ils ont découvert de nombreux paysages (dont des images de Bernard Plossu) et fait l’expérience de la chambre noire.
Alexis Azar, médiateur du musée, a proposé une consultation d’œuvres des collections sur le thème du vivant. La seconde partie de la journée s’est déroulée dans la Réserve Naturelle de la Truchère où les élèves ont pris connaissance du site et des êtres vivants le constituant à travers différentes activités : capture de sons, photographie, dessin d’observation du paysage.
La découverte d’une rivière oubliée
Chaque classe est partie, durant une journée en avril, en sortie pédagogique à proximité du collège. Par demi-classe, les élèves ont bénéficié de l’intervention de Céline Muller, animatrice du Centre Eden à Cuisery, qui a proposé diverses activités de sensibilisation à la nature : land’art à partir d’osier tressé trouvé sur place, paysage en pigments végétaux, reconnaissance de chants d’oiseau et de plantes, jeux avec les éléments naturels…
Ils ont pu également cheminer avec le photographe Geoffroy Mathieu afin de documenter le Bioux, petite rivière à peine visible au nord du collège et dont seuls quelques rares habitants prêtent encore attention et connaissent le nom. Les élèves ont longé la rivière durant trois heures, munis d’appareils photographiques hybrides.
Beaucoup de ces adolescents ont renoué avec leur âme d’enfant, partant en exploration dans les hautes herbes des champs ou crapahutant entre les rochers de la rivière, réalisant des bouquets ou des couronnes de fleurs sauvages. La pratique de la photographie les a amenés à observer, s’approcher, cadrer pour faire apparaitre ou faire dialoguer différents éléments du paysage.
De la cartographie à la photographie
Plus tard, chaque classe a suivi un atelier de trois heures avec Geoffroy Mathieu, durant lequel ils ont réalisé une cartographie de la rivière et de leur cheminement pour la documenter tout en associant les photographies préalablement sélectionnées en classe par les élèves et tirées sur petit format.
Les travaux des élèves seront exposés à la rentrée 2024-2025 dans leur établissement. C’est cependant les expériences des élèves lors des sorties pédagogiques qui auront été les plus enrichissantes et leur auront permis de s’interroger sur leur rapport au vivant.
